Thursday, September 17, 2009

Harajuku !!

Le festival Harajuku c'est ce week-end!


Harajuku c'est quoi donc?


Né il y a 8 ans, Harajuku est le seul festival manga parisien gratuit pour ses visiteurs et en plein air. Il rassemble fanzines, cosplay, activités autour du manga, dans le cadre idéal du parc de Bercy, et dans une ambiance détendue.
Il se déroulera les 19 et 20 Septembre 2009, c'est à dire ce week end, chaque matin à partir de 10h, jusqu'à 19h le soir !
Comment viendre?


Métro
Ligne 14 : Cour Saint Emilion
Ligne 6 : Bercy (Il vous faudra traverser le Parc de Bercy, c'est une belle balade !)
Bus
Lignes 24, 109, 111 : Terroirs de France
RER
Ligne C : Bibliothèque (Prendre la rue neuve Tolbiac, traversez le pont, vous êtes au parc !)

Je serai au stand Geek Mag (au stand n° 27) avec ma collègue Berlouche; vous pouvez consulter le plan d'implantation des stands ici >>> http://www.festivalharajuku.org/plan.html

On vous attendra de pied ferme avec le nouveau Geek Mag tout chaud tout rôti, ayant pour thème "Cuisine et Fan-Service", avec la magnifique couv réalisée par Berlouche et Fr :

>>>Click click sur l'image<<<

Friday, September 11, 2009

Give it to me baby...

...UH-HUH, UH-HUH!!!

C'est le seul endroit qui reste où j'ai pas spammé notre magnifique teaser de Geek & Girly tome 1, et hop prenez-vous ça dans la face!



Et rendez-vous le 23 septembre en librairie!

Friday, September 04, 2009

Mary Sue passion concierge

On m’a récemment passé ce bouquin à la mode, « L’élégance du hérisson », adapté en flim avé Josiane Balasko dernièrement. En voyant la bande annonce et en entendant quelques échos (positifs), je me disais, en toute logique, que ça allait certainement être de la littérature de bonnefemme (style péteux sans grâce et histoire d’amour Harlequin sans fun). Bon, j’avais raison, sauf que c’est même pire que ça.
Pourtant c’est du bel emballage, hein, NRF, Gallimard et tout le tintouin, du joli papier avec pas d’image sur la couverture, c’est dire à quel point c’est du sérieux. Eh ben la littérature française actuelle est dans une sacrée impasse, je peux vous dire, une qui sent la vieille pisse et les poubelles et, devant elle, on peut lire sur un bout de carton qu’elle voudrait une tite pièce ou un ticket restaurant, avec quinze fautes d’orthographe.

« L’élégance du hérisson » ou « Le hérisson » comme l’appellent les rombières, c’est l’histoire d’une concierge, mais pas comme les autres, tchouwa, elle est intelligente, genre elle lit des bouquins, tchouwa, mais c’est carrément un crime pour une concierge, alors elle le cache grave, Farenheit 451-stylee (elle met la télé sur TF1 alors qu’elle regarde du Visconti à côté dans un cagibi, elle achète des conserves de choucroute pour planquer un carpaccio de thon au fond de son cabas, ce genre de conneries). Sauf qu’on n’est pas dans une utopie, que ça se passe dans le Paris d’aujourd’hui, et l’auteur voudrait nous faire croire que qui que soit en aurait vraiment quelque chose à foutre, qu’une grosse vieille concierge moche d’un immeuble du 16ème « [se pâme], les larmes aux yeux, devant les miracles de l’Art. » (oui oui, c’est une phrase extraite du bouquin. Connasse.) En plus, le pourquoi de toutes ses simagrées de ninja n’est pas vraiment expliqué, juste que si on le découvrait, on se mettrait à lui demander des trucs, ou alors on trouverait ça bizarre ou quoi : whateveeeerrrrrrr.

Y’a un rebondissement de deurm, aussi, à la moitié : y’a un Jap OMG un vrai Jap squeelolexclamationexclamationone et en plus de son âge lolsquee etc qui s’installe dans son immeuble et lui il *sait* qu’elle est intelligente tchouwa, parce qu’il cite du Tolstoï et il se trouve que OMG Anna Karénine c’est son roman préféré de tous les temps du monde et elle reconnaît les citations alors lui il trouve que c’est une « princesse clandestine et érudite » (connard). En plus il s’appelle Ozu, liek, Ozu, tu sais, style, le réalisateur, quoi, et il se trouve que c’est son réal préférée de snob de merde fan de trucs asiatiques parce que l’Asie c’est tellement raffiné (connasse) ! Kyah !
Perso, je trouve que c’est pas très malin de faire tout un roman sur la Beauté et l’Intelligence et l’Art et les-apparences-sont-trompeuses si c’est pour finalement mettre en scène des fantasmes de goth-pouffe prépubère de convention manga (« on dirait que ce serait Kyo de Dir en Grey, eh ben il serait amoureux de moi… »).
Bref, « L’élégance du hérisson » a un joli titre, mais dedans c’est pas tellement mieux que du Marc Lévy (qui, lui, a des images sur les couv de ses bouquins).

Mais j’ai digressé à mort, comme d’habitude : en fait, on s’en fiche que ça soit un bouquin naze, je vous en parle à cause d’un truc beaucoup plus grave.

L’autre personnage principal est une gamine de douze ans surdouée et qui le cache pour des raisons obscures tout pareil, super. Elle ne sert à rien, juste à asséner de fausses vérités générales et à regarder tout le monde de haut (sauf Self-Insert la concierge et OMG-le-Jap qui sont trop ses potes parce que l’auteur l’a dit). Je sais plus son nom, je l’appellerai donc Sale Petite Conne.
Et Sale Petite Conne est tellement spéciale et ne fait tellement rien comme tout le monde que, je vous le donne en mille, elle lit… des mangasses !
Je me dis : bon, la concierge intello ninja lit du Mahler en écoutant du Tolstoï (ou l’inverse), c’est ultra cliché et stupide, mais si elle veut se la jouer comme ça pourquoi pas. Par contre, le choix de faire lire des mangasses à Sale Petite Conne est assez incongru, après tout, les mangasses c’est un peu de la bédé chinoise pour gamins attardés du point de vue de ceux qui regardent du Husserl en lisant du Visconti (ou l’inverse).

Extrait :

« Maman ne comprend pas qu’une petite-fille-aussi-douée-que-toi puisse lire des mangas. Je n’ai même pas pris la peine de lui expliquer que « manga » en japonais, ça veut seulement dire « bande dessinée ». Elle croit que je m’abreuve de sous-culture et je ne la détrompe pas. »

Oooh, qu’elle est mimi. Si ça se trouve, l’auteur s’y connaît vraiment ?
En plus, il est écrit que Sale Petite Conne a pris japonais en deuxième langue : comme une vraie otaque de base! En lisant ces lignes, malgré le ton péteux, je ressens une certaine affection pour elle. Eh ben comme quoi y’a peut-être un espoir pour…

« Bref, dans quelques mois, je pourrai peut-être lire Taniguchi en japonais. »

Et là, je manque de balancer le bouquin à travers la pièce. Taniguchi ! Putain ça m’énerve. La gamine aime les mangasses, et au lieu de lire un shoujo de merde genre Fruits motherfucking Basket en guise de manifeste, elle lit du Taniguchi, comme tous les connards snobs qui n’aiment pas les mangas mais Taniguchi ils peuvent lire, « parce que son style est très européen ». Tezuka, j’aurais pu pardonner. Ou d’autres trucs de snobs plus pointus, moins accessibles aux incultes, comme Naoki Urasawa (« style très européen », aussi) ou Taiyo Matsumoto ou Shigeru Mizuki, s’il fallait à tout prix être snob. Mais Taniguchi, c’est le steak-frites du mangasse, le « par défaut », quand on n’aime pas et/ou qu’on n’y connaît rien. Quand on cause mangasse et qu’on ne veut pas passer pour l’imbécile qu’on est, on dit qu’on aime Taniguchi.
En plus je suis sûre que l’auteur ne connaît même pas son prénom, au gars Jiro ; l’aurait mieux fait de fermer sa gueule ou de faire la gamine lire du Rachmaninov en écoutant du Kant (ou l’inverse).

Mais bon, je vois pas pourquoi je m’énerve comme ça, finalement c’est raccord avec Self-Insert la concierge qui est fan d’Ozu, ce qui se traduit pour moi en « je connais rien au cinéma japonais ou au cinéma en général, mais faut bien que je cite une référence parce que je suis incapable de construire une opinion cohérente et qui me serait propre, et comme j’ai lu dans les Cahiers du Cinéma que Ozu ça faisait chic… »

Quelques pages plus loin, je bondis à nouveau au plafond :

« Mais dans les mangas, les personnages ont l’air de manger autrement. Ça a l’air simple, raffiné, mesuré, délicieux. On mange comme on regarde un beau tableau ou comme on chante dans une belle chorale. C’est ni trop ni pas assez : mesuré, au bon sens du terme ».

Pardon ? Et ta sœur ? WTF ? Elle s’est prise pour Barthes ou quoi, la petite conne ? Ça se sent qu’elle n’a jamais lu ni Dragon Ball, ni One Piece, elle ! Fausse otaque de merde !

Et alors que je commence à croire qu’on ne peut pas tomber plus bas : « Mais au restaurant, hier soir, maman a commandé un thé au jasmin et elle m’a fait goûter. J’ai trouvé ça tellement bon, tellement « moi » que, ce matin, j’ai dit que c’était ce que je voulais boire dorénavant au petit déjeuner. […] Thé et manga contre café et journal : l’élégance et l’enchantement contre la triste agressivité des jeux de pouvoir adultes.»


Je conclus avec la dernière offense : Sale Petite Conne reprend un invité de ses parents à table en parlant de go :

« Et il s’est mis à expliquer les règles du go. C’était n’importe quoi. Et d’une, ce sont les Chinois qui ont inventé le go. Je le sais parce que j’ai lu le manga culte sur le go. Ça s’appelle Hikaru no Go. »

Tiens ? Si je m’attendais à ce que HikaGo soit mentionné ! Elle ne lirait pas Dragon Ball mais elle lirait Hikaru no Go ? Bon, ça ne veut pas dire qu’elle s’y connaisse, l’expression « le manga culte sur le go » sonne beaucoup comme un macaron collé par un vendeur de la Fnac, autrement dit : elle y capte queud’ non plus, elle ne fait que citer pour faire bien.

Plus loin :

« Une des plus belles réussites du jeu de go, c’est qu’il est prouvé que, pour gagner, il faut vivre mais aussi laisser vivre l’autre. Celui qui est trop avide perd la partie : c’est un subtil jeu d’équilibre où il faut réaliser l’avantage sans écraser l’autre. »

Ouf, elle n’a vraiment jamais lu Hikaru no Go.

Parce que quoi qu’elle puisse en dire, moi, de ce que j’ai compris en lisant la série, le go est une question de gestion guerrière ; il s’agit de gérer son territoire en envahissant le plus possible autour et en s’implantant fermement ; pas étonnant pour un jeu chinois, d’ailleurs. Et dans HikaGo, il s’agit bel et bien d’écraser son adversaire la plupart du temps, et d’affirmer sa supériorité sur l’autre (en gros : c’est un shounen). Je sais pas ce qu’elle a été inventer avec ses histoires de vivre et laisser vivre : le go est un jeu comme un autre, où il y a un gagnant et un perdant, avec la volonté sous-jacente chez les deux parties impliquées de pourrir la gueule de l’autre (rien que le vocabulaire du go le prouve : « prisonnier », « tuer », « capturer », pas vraiment pour une tea party). Cette histoire d’équilibre ou d’harmonie zen est du pur bullshit de snob de merde. Qu’on se le dise.

En conclusion : pas la peine de mentionner les mangas si tu n’y connais rien, Muriel Barbery, même si c’est sensé faire remonter ton roman de gare un cran au-dessus du ras des pâquerettes.

Et faut foutre la paix aux otaques ; c’est extrêmement irritant qu’on nous sorte de l’anonymat et/ou de l’opprobre si c’est pour dire des conneries pareilles. Merdalafin.